Chaque année, dans le monde viticole, une nouvelle année commence après la récolte, dès l’apparition des premières gelées avec la mise en place des travaux de taille. Ces travaux, manuels dureront pendant tout l’hiver (décembre à mars) afin de reformer la vigne et de la préparer à l’arrivée de la récolte suivante.
Ce travail, technique, demande une connaissance approfondie du végétal et des différents procédés existants.
Il existe en effet différents types de taille à la vigne ; Guyots, cordons, gobelets … qui diffèrent selon les régions et les approches de chaque vigneron.
Au Domaine Gayrard, nous avons choisi de nous tourner vers des techniques de taille dites « douces », respectant ainsi autant que possible nos vignes.
Mais pour commencer, pourquoi tailles-t-on la vigne ? Et qu’appelle-t-on la « taille douce » ?
Depuis de nombreuses années, le vignoble français fait face à des problèmes de dépérissement important. De multiples facteurs sont, bien entendu, à prendre en considération (changement climatique, mécanisation…etc.…etc.). Certains agriculteurs se sont donc penchés sur ce qu’ils pouvaient changer et améliorer : leurs pratiques viticoles. La vigne est une liane sauvage que nous avons domestiquée. Nous en avons fait un arbuste par la seule contrainte de la taille que nous lui imposons chaque année, et ce, afin de lui faire produire des fruits et de limiter son allongement naturel. On parle d’ailleurs de conduite de la vigne.
Dès 1887 un auteur érudit, R Dezeimeris (et certainement d’autres avant lui) se questionne sur la taille de la vigne et ses conséquences. Guidé par sa curiosité et son intuition, il procède à des coupes longitudinales de ceps de vignes afin d’en apprécier le fonctionnement et, de facto, les disfonctionnements pouvant être liés à leur conduite. Il va ainsi, poser les bases de la taille dite douce qui sont :
- plaies rases et plaies mutilantes à bannir.
- respect du flux de sève.
- acceptation de l’allongement de la vigne.
Ouvrage : D’une cause de dépérissement de la vigne et des moyens d’y porter remède.
La taille douce au Domaine Gayrard
Soucieux de toujours plus de respect du vivant et animés par l’envie de nous améliorer, nous nous sommes penchés, un peu plus, sur ce vaste sujet qu’est la taille. Nous avons donc suivi une formation dispensée par Marceau Bourdarias, un passionné du monde végétal ayant étudié la physiologie de la vigne. Cette expérience nous a beaucoup appris et nous a conforté dans notre envie de mettre en place une taille plus douce sur les parcelles de vignes jeunes car elles sont le futur du domaine.
Les principes acquis sont sensiblement les mêmes que ceux énoncés par Dezeimeris :
- on ne taille que sur du bois de l’année ou du bois de deux ans si possible, sous peine de dévitaliser le cep jusqu’ à sa base. De plus lorsque l’on taille on ne rase pas, (on ne coupe pas trop près) là encore pour ne pas abimer la matrice, plus ancienne, du cep. Ceci implique beaucoup plus de travail au printemps, car, ne coupant pas au plus près de la jonction des deux bois, on laisse des bourgeons (yeux) qui vont pousser. Il faudra donc les enlever manuellement par la suite (ébourgeonnage)
- on respecte le flux de sève en évitant de le stranguler ou de l’interrompre pour garder un le cep en pleine santé. On va donc essayer de conduire ce flux, en choisissant un bois plutôt qu’un autre, quitte à abandonner une partie de la plante pour en privilégie une autre dans le temps.
- on respecte la nature de la vigne en acceptant son allongement. Autrefois lorsque l’occasion se présenter on avait tendances à rabaisser la vigne en choisissant des bois plus bas sur le cep et ceci dévitalise grandement le cep. Aujourd‘hui on ne va rabattre la vigne qu’après une dizaine d’année ou plus, au moment où les diverses contraintes dues à sa hauteur ne seront plus gérables.
En mettant en place une taille douce de la vigne sur le Domaine Gayrard nous espérons obtenir des vignes en meilleur santé, pleine de vitalité, ce qui aurait un avantage sur le plan financier bien sûr, mais aussi et surtout sur un plan environnemental. En effet en ayant des vignes en pleine santé, celles-ci se défendent mieux des maladies et nous permettrai de diminuer les doses de souffre et de cuivre tout en gardant du raisin de qualité afin de continuer à faire du vin de qualité. Après trois mois de travaux, la taille de la vigne devrait toucher à sa fin dans le courant du mois de mars, avant que le flux de sève ne remonte et avant l’apparition des premiers bougeons qui ne tarderont pas à l’arrivée des beaux jours.
Par la suite, les travaux manuels à la vigne s’enchaineront avec les travaux dits « de printemps » : ébourgeonnage, attachage ... qui viendront accompagner le développement de la vigne jusqu’à la récolte.
Pour l’avenir, le Domaine Gayrard s’est également lancé dans la plantation de jeunes vignes qui seront formées comme le faisaient nos ancêtres, en gobelet (sans palissage).
Nos vendanges étant quasi exclusivement réalisées à la main, nous ne sommes aujourd’hui plus contraints de palisser toutes nos vignes et souhaitons développer cette forme de taille pour les cépages qui l’acceptent. Cette technique de travail permettra une meilleure répartition des grappes, plus aérées, plus espacées, limitant ainsi l’arrivée des maladies et amenant à un meilleur état sanitaire pour une belle récolte et de bons vins !